Longtemps, l’homme est un mystère pour moi. Du temps, il m’en faut pour trouver le chemin de son cœur et de son esprit. Toujours, il m’est facile de toucher son corps et son désir.
Je l’aime, cette blessure d’abandon et la dépendance affective qui en découle car c’est elle qui inlassablement, malgré tant de douleur, m’amène au Tantra et me ramène à Lui.
Tant de fois, je bute contre son cœur fermé et je ressens de la colère et de l’incompréhension. L’amour est mon premier langage, si simple et naturel pour moi,
Puis, je masse des hommes. Et là, je prends conscience du pouvoir de l’intelligence fine sur l’esprit, de la douceur sur l’ouverture du cœur et de la sensualité sur le corps.
La vulnérabilité réside dans cet espace de réceptivité en nous. Souvent, le cœur chez l’homme et le sexe chez la femme. Toujours, tenter de forcer ce passage ne fait que le fermer davantage.
Dans cet espace de massage, je vois tout de l’Homme.
L’immaturité et l’impatience qui testent les limites, le corps tendu qui quémande et supplie de libérer la pulsion, de jouir. Et de se détendre.
Le fragile, le vulnérable qui vient se lover dans mes bras en recherche de chaleur et de protection. Et y pleurer, parfois.
Le dominant qui essaie de prendre la main et diriger mes gestes dans un sens afin de me soumettre à son désir. En vain.
L’animal qui aspire à être apprivoisé et rassuré ou dompté jusqu’à capituler. Et s’abandonner ainsi à la douceur, en confiance.
Et surtout, je vois, émerveillée, l’élan impérieux d’incarner sa puissance, dressé vers le Ciel, dans sa verticalité. Et la rencontre avec sa force tranquille, sans plus de confusion avec la violence, coeur et sexe enfin réconciliés.
Progressivement, j’apprends à accueillir ces parts et je libère mes peurs. Aujourd’hui, je le rencontre vraiment, l’homme réel, imparfait, sublime. Et je l’aime encore plus.
C’est de la réconciliation de l’homme et de la femme, du Féminin et du Masculin, du Yin et du Yang, que vient un nouveau Monde.
Malgré les turbulences, les bleus au cœur, les incompréhensions, l’inquiétude. Pour la magie des rencontres, le plaisir, la fusion, le Divin. Toi, Homme, je sais que je t’aime pour toujours. Et tu me le rends bien.
© Alisson De Clercq